Les Grandes Figures de Saint-Jean
TANGUY PRIGENT, UN PAYSAN MINISTRE
Tanguy Prigent voit le jour en 1909 à Saint-Jean-du-Doigt. Ses parents sont propriétaires de leur ferme, ce qui leur confère une certaine forme de liberté politique. En 1927, à l’âge de 18 ans, François Tanguy Prigent fonde une section du parti socialiste d’une vingtaine d’adhérents à Saint-Jean-du-Doigt. Il est élu conseiller général en 1934 ; son élection est invalidée car il n’a pas encore 25 ans, l’âge légal pour prétendre à ces fonctions. L’année suivante, il est réélu. En mai 1935, il devient maire de Saint-Jean-du-Doigt et, en 1936, il est élu député de la première circonscription de Morlaix. Il est le plus jeune député du Front Populaire.
En 1940, il est mobilisé et combat l’armée allemande. Le 10 juillet de la même année, il fait partie des 80 parlementaires qui ont le courage de voter contre les pleins pouvoirs à Pétain. Il entretient des liens avec la Résistance. En 1943, il est révoqué de ses fonctions de maire et de conseiller général, jugé politiquement hostile au gouvernement de Vichy. Il entre dans la clandestinité, pose les bases du mouvement de Résistance Libé-Nord et devient Jacques le Ru. Le 6 juin 1944, son organisation compte 7000 adhérents dans le Finistère. Il participe activement à la Libération.
En septembre 1944, le Général de Gaulle le nomme Ministre de l’Agriculture. Il n’a que 35 ans. Il met en place le statut du fermage dont le but est d’enrayer la désertification des campagnes en améliorant les conditions économiques et d’habitat des paysans. Sa mission ministérielle s’achève en 1947. En 1956, il est de nouveau appelé au gouvernement de Guy Mollet et est nommé ministre des anciens combattants.
Jusqu’à sa disparition en 1970, il sera maire de Saint-Jean-du-Doigt et conseiller général du Finistère.
ROBERT LE MEUR, UN HUMANISTE AU PAYS DES INUITS
Robert Le Meur est né en 1920 à Saint-Jean-du-Doigt. Sa mère meurt quand il a cinq ans ; il est élevé dans une fratrie de cinq enfants par un père très engagé dans la vie de la paroisse. Il est scolarisé à l’école publique de Saint-Jean-du-Doigt puis au lycée du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon ; c’est là que lui vient sa vocation de missionnaire. Il effectue son grand séminaire en Seine-et-Marne. Il y est ordonné prêtre en 1943 et célèbre sa première messe à Saint-Jean-du-Doigt la même année. En 1946, il embarque au Havre pour un voyage de trois mois vers le Grand Nord. C’est à Tuktoyaktuk (800 habitants), dans le nord-ouest du Canada, qu’il débute sa mission. Il constate que l’exploitation du pétrole par les pays industrialisés nuit grandement à l’identité des Inuits et s’engage pour la préservation de leur culture : il devient conseiller municipal, participe à la création d’un atelier coopératif de travail de la fourrure, monte une radio locale dont il est le premier animateur, se bat pour que les Inuits soient reconnus comme des citoyens canadiens.
Il meurt en 1985 à Edmonton à l’âge de 65 ans. Il repose selon son souhait à Tuktoyaktuk à deux pas de sa maison, de ses amis, de son église.
Ses amis inuits l’avaient surnommé « Okrayyoaaluk » (celui qui parle juste). Sa maison natale se situe à l’entrée du village : la plaque “Place Robert Le Meur” y est apposée.